Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres
Ils en ont parlé [Page 3/4]

Henri Lioret
Clockmaker and phonograph Pioneer
by Julien Anton


Henri Lioret was a true phonograph pioneer in every sense of the word. Unfortunately, however, his accomplishments have been minimized - or even ignored - in some of the older, authoritative works dealing with the history of recorded sound. Recent years have seen increasing appreciation among US collectors for this French genius, and interest in Lioret machines and records continues to rise.
This book is written by Julien Anton, whose collection of Lioret artifacts and years of research make him the undisputed authority on the man and his work. The book chronicles Lioret's many inventions and accomplishments, both within the recorded sound industry and elsewhere. All Lioret phonograph models are described, as well as the various types of cylinders produced for them. Unfortunately, the book does not contain a listing of issued cylinders, but hopefully future research will yield a useful discography. Though the book is written in French, the magnificent color photographs include English captions, and a separate volume (included) provides a complete English translation of the text.


Vintage Nauck's Record Ressource Catalog (2006)
http://www.78rpm.com/



Lioret : Pionnier du phonographe

Les accros de baladeurs et autres MP3 savent-ils que cette technique aujourd’hui est le fruit d’une évolution entamée depuis plus d’un siècle, à partir des balbutiements des premiers enregistrements parlés ? Si l’histoire a retenu le nom de Thomas Edison, savant et industriel, d’autres figurent au panthéon de ces découvreurs de génie : Scott, Charles Cros, Charles Pathé et un autre presque inconnu du grand public : Henri Lio­ret. C’est à lui que l'on doit le premier vrai enregistrement fiable sur cylindre de celluloïd, en 1898. Sa gravure, d’une grande finesse, offrait une durée d’audition de 4 minutes alors qu’au même moment, ses concur­rents, notamment les frères Pathé enregistraient sur de fragiles cylindres en cire sur une période deux fois moindre.
Découvrir qui était Henri Lioret, son parcours, ses ingénieuses machines, ses travaux, c’est ce que vous propose I’exposition actuellement présentée au théâtre municipal de Dijon dans le cadre du festival internatio­nal de musiques mécaniques. Un homme, Julien Anton, passionné de pho­nographe, s’est attaché à redonner ses lettres de no­blesse à Henri Lioret que l’Histoire, curieusement, semble avoir oublié. Une trentaine de machines, phonographes, objets issus de la propre collection de Julien Anton retracent le par­cours exceptionnel et effacé d’Henri Lioret.
Poupées parlantes offertes à Nicholas II
Natif de Moret-sur-Loing, fils d’horloger, Henri Lioret suit naturellement les traces de son père. Avec brio puisqu’il sort premier de l’Ecole d’horlogerie de Besançon, en 1866. Installé à Paris en 1870, il se fait très vite remarquer par ses inven­tions : la Cigale pendule qui affiche heures, jours, mois et saisons a été offerte au tsar Alexandre III en 1893. C’est à Lioret aussi que l’on doit la première poupée « parlante », arrière-arrière grand mère des bébés d’aujourd’hui, beaucoup plus sophistiqués mais nettement moins poétiques. Le fabricant Emile Jumeau cherchait une « voix » pour son fameux Bébé. Henri Lioret eut l’idée d’y intégrer un mi­nuscule phonographe. Avec succès. Trois de ces célèbres poupées furent offertes par Félix Faure aux grandes duchesses Olga et Tatiana de Russie, filles du tsar Nicolas II. Une de ces poupées est visible dans le cadre de I’ex­position.
L’exposition bénéficie de l 'éclairage fouillé et érudit de Julien Anton qui l’a entièrement conçue. Passionné par son sujet et détermine à réhabiliter Henri Lioret, Julien Anton est aussi l’auteur d’un ouvrage particulièrement bien docu­menté « Henri Lioret, un horloger pionnier du pho­nographe », qui connaît une bonne audience aux Etats-Unis où le nom de Lioret peut désormais figurer en bonne place au côté de celui d’Edison.


Julien Anton et
le Bébé Parlant de Jumeau
(photo Emmanuel Rister)
 


Anne-Marie Kaiser Le Bien Public du 18 septembre 2006




Lu pour vous : Henri Lioret par Philippe Rouillé

Voici un livre somptueusement édité et fascinant sur un pionnier français méconnu de l'histoire du phonographe, Henri Lioret (Moret-sur-Loing 1848-Paris 1938). L'auteur, Julien Anton, est un spécialiste reconnu des phonographes, et il nous livre ici le résultat de ses recherches sur sa passion : la vie et l'oeuvre de Henri Lioret.
L'américain Thomas Edison est le nom le plus célèbre de l'histoire de la "machine parlante", et fut le premier à réaliser et à commercialiser un phonographe à cylindre en 1877. Le français Charles Cros, inventeur et poète, l'avait précédé de quelques mois dans l'invention, mais n'avait pu la réaliser. D'autres inventeurs allaient suivre leurs traces dont le plus connu en France est Pathé. Dans son ouvrage, Julien Anton nous montre que Henri Lioret fut aussi important par la qualité et le nombre de ses inventions.
Le livre est divisé en deux parties, suivi de quelques annexes dont une importante bibliographie. Le texte est clair et précis, les photos (toutes en couleur) sont magnifiques.
La première partie, intitulée "le sens de l'innovation", retrace la vie de Henri Lioret. Né d'un père horloger, Henri Lioret sort premier de la nouvelle école de Besançon en 1866, et s'établit à Paris peu après la guerre de 1870. Il réalise quelques pièces d'horlogerie, dont une montre-réveil "cigale" (ou plus exactement criquet ...).
Très frappé par la poupée parlante d'Edison (1890), le célèbre fabricant français de poupées Emile Jumeau fait appel à Henri Lioret pour réaliser un meilleur modèle : c'est chose faite en 1893. Henri Lioret implantera aussi ses petits phonographes dans divers automates Vichy entre 1894 et 1897.
 

 

Nous renvoyons ici au livre pour le détail des très nombreuses inventions et perfectionnements concernant les phonographes et les cylindres, réalisés par Henri Lioret jusqu'au tout début du siècle.
Julien Anton insiste sur la très grande qualité de ces modèles dont la technique horlogère tranchait sur les constructions plus sommaires de ses concurrents. Hélas, les prix s'en ressentaient, les fabrications d'Henri Lioret (appareils et cylindres) étaient incompatibles avec celles de ses concurrents, et, contrairement à Pathé, il ne sut pas s'attacher des vedettes connues pour ses enregistrements.

Mais il put collaborer à diverses réalisations scientifiques et militaires (pendant la guerre de 1914-18), concevant également des têtes d'enregistrement de disques qui seront utilisées par de nombreux constructeurs, dont Pathé, jusqu'en 1925.
Il tint jusqu'en 1925 (où il prend sa retraite pour raisons de santé) une boutique Boulevard Raspail à Paris, mêlant jouets, Meccano et phonos, et continuant à inventer, y compris une surprenante trottinette utilisant les mêmes mouvements que la marche.
Après avoir détaillé les caractéristiques des phonographes et des cylindres Lioret, Julien Anton dans la deuxième partie de son livre étudie en détail les divers instruments produits par Lioret.

Vous l'avez compris, c'est un très beau livre qui comble de façon magistrale une importante lacune dans l'histoire du phonographe. Ecrit de façon précise et vivante, superbement illustré, il devrait trouver un public plus large que les seuls amateurs de phonographes.


Revue de l'AAIMM, n° 59, 2° trimestre 2006
http://www.aaimm.org/



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