- Les travaux de François Dussaud
| François Dussaud, l'un des meilleurs physiciens de sa génération, dans son laboratoire de physiologie de la Sorbonne (Photographie Historia, mai 1969). A l'âge de vingt-trois ans, le physicien suisse, docteur ès sciences, était déjà titulaire de la chaire de physique et de chimie à l'Ecole de Mécanique et à la Faculté des Sciences de Genève. Ses recherches dans les domaines de l'enregistrement électrique et de la synchronisation du son et de l'image cinématographique lui vaudront la reconnaissance des milieux scientifiques de l'époque. | | | En 1894, François Dussaud met au point le Microphonographe, l'un des premiers appareils d'enregistrement et de reproduction sonores par des moyens électriques. Il s'agit d'un phonographe dont l'élément essentiel est sa tête graveuse insérée dans un circuit électrique comprenant aussi une batterie et un microphone. L'enregistreur comporte des électro-aimants qui agissent sur une membrane métallique portant sur sa face inférieure le burin destiné à graver la cire. Sous l'effet de la voix, la plaque du microphone vibre et module le courant électrique, lequel à son tour excite les électro-aimants de l'enregistreur. Sur le Microphonographe, les sons recueillis par le microphone sont ainsi fidèlement répétés et amplifiés par la membrane et inscrits dans la cire par le burin. Inversement, la lecture du cylindre s'effectue grâce à un écouteur téléphonique, la puissance de l'audition variant selon l'intensité du courant injecté dans le circuit grâce à un commutateur à plots. (Gravure, La Nature 6 févier 1897). | | | Le Microphonographe de Dussaud sert à amplifier la voix comme la loupe à grossir une image. Il constitue un outil précieux pour les sourds-muets surpris et ravis d'entendre au téléphone placé à leur oreille les morceaux enregistrés sur le phonographe. Photographie, Lecture pour Tous mai 1905. | | | François Dussaud confie naturellement la construction du premier Microphonographe, caractérisé par son volant régulateur de vitesse, à Casimir Sivan. C'est à ce mécanicien et horloger français établi à Genève que l'on doit la première montre-phonographe à répétition à disque parlant les heures, les demi-heures et les quarts. Un second modèle du Microphonographe, construit en 1897, prend la forme d'un meuble dans lequel un Edison Class M été incorporé. Perfectionné à l'aide de Georges Jaubert, un autre scientifique suisse, il utilise une tête électrique équipée d'un microphone à grenaille de charbon inventé par l'ingénieur Alfred Berthon, administrateur de la Société Internationale des Téléphones. Le Microphonographe trouvera ses applications principales dans le domaine médical, notamment dans l'amélioration de l'audition des sourds ou l'enregistrement des bruits physiologiques tels que les battements du cœur Photographie, La voix parlée et chantée, mai 1898. | | | Cet enregistreur de Dussaud constitue l'élément principal du premier modèle de Microphonographe précédemment décrit. Cet exemplaire de fabrication très soignée s'apparente à un Micro-phonographe de Bettini, auquel il emprunte son contrepoids et son articulation. Sur sa partie supérieure, deux écrous sont utilisés pour le connecter au circuit électrique. Au centre, la vis micrométrique permet de faire varier le volume du son en agissant sur l'espacement entre la plaque et les électro-aimants. Comme on peut le voir sur l'image suivante, sa fixation inférieure s'adapte sur le dispositif destiné à relever une reproducteur Bettini. | | | | L'enregistreur de François Dussaud ouvert montre sa plaque vibrante, ses électro-aimants et son contrepoids. Il est adapté ici sur le dispositif permettant de relever un reproducteur Bettini. | | | | Cette gravure présente l'une des nombreuses inventions de François Dussaud relatives au phonographe. Il s'agit du Multiphone, système d'amplification acoustique, constitué par une capsule creuse (T) formant une chambre de résonance placée sous le reproducteur. Le tube (Ca) reliant cette pièce au pavillon principal joue le rôle d'un second pavillon amplificateur. Gravure, La Nature du 3 novembre 1899. | | | François Dussaud, associé à François Jaubert et Alfred Berthon imaginent de combiner le cinématographe et le Microphonographe. Commandités par Eugène Péreire, président de la Compagnie Générale Transatlantique, ils construisent le Cinémicrophonographe en vue de présenter un spectacle grandiose de scènes maritimes durant l'Exposition de 1900. Le procédé expérimental de cinématographie se compose d'un projecteur dont l'arbre, entrainé par un moteur électrique, commande douze Microphonographes synchrones qui délivrent le son au spectateur par des cornets dissimulés dans le dossier de leur fauteuil. L'attraction, effectivement présentée à L'exposition de 1900 sous le nom de Phonorama ne connut pas le succès escompté. Schéma du poste de projection du Phonorama extrait du Brevet n° 268.369 du 1° juillet 1897 : Système combinant le Microphonographe avec le cinématographe en vue de la reproduction simultanée des scènes de la vie animées et de la parole, du chant et des sons qui les accompagnent. | | | | Proche de Charles Pathé et son frère Emile, François Dussaud fut l'un des principaux conseils scientifiques de Pathé Frères. A côté d'autres inventions, son Amplificateur-audiométrique pour le traitement de la surdité s'adaptant sur le phonographe Le Gaulois, était présenté à l'Exposition de 1900 dans le stand du Phonographe Pathé, au Village Suisse. Lettre publicitaire de Pathé, 1901. | | | | | Dans cette lettre du 2 mars 1903, François Dussaud, récemment recruté comme Ingénieur Conseil auprès de la Compagnie Générale de Cinématographes, Phonographes et Pellicules, témoigne de sa profonde gratitude à Charles Pathé. L'ingénieur évoque en fin de lettre le nom de Fonvielle; il s'agit du journaliste scientifique et aérostier Wilfrid de Fonvielle, auteur de nombreux articles de vulgarisation du phonographe pour les revues La Nature ou La Science Illustrée. | | | A voir aussi | - Le tapuscrit d'un article de René Sudre intitulé L'invention du phonographe électrique, publié le 17 juillet 1953 dans le Journal of the Society for psychical Research en hommage à François Dussaud au lendemain de sa disparition.
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