- Phonographes à feuille d’étain [Page 1/4]
Outre le numéro de série du phonographe, la plaque fixée sur sa base rappelle le nom de l'inventeur et celui du constructeur parisien Edouard Hardy.
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Les phonographes construits par Hardy
Le phonographe présenté à l'Exposition Universelle ouverte le 1° mai 1878, de plus petites dimensions que le modèle dit "Brady" présenté à l'Académie des Sciences le 11 mars, fût le premier tinfoil vendu au public. Sa construction a été confiée à Edouard Hardy par Théodore Puskas, l'agent d'Edison en Europe, qui lui procura un modèle de démonstration dû à Sigmund Bergmann.
En moins de deux mois, l'ingénieur français parvint à construire un phonographe de meilleure facture que le modèle américain. Il lui apporta en outre deux perfectionnements : un cornet en bois pour concentrer le son au milieu du diaphragme et un dispositif visant a positionner avec précision la pointe sur la rainure du mandrin.
L'atelier Hardy a produit en petites séries moins de 500 exemplaires de ce phonographe de démonstration, destiné aux amateurs ou aux cabinets de physique; durant l'Exposition il était proposé au prix de 200 Francs pièce.Publicité Hardy (Le Figaro du 31 décembre 1879)
L'ingénieur a de plus construit un phonographe à mouvement d'horlogerie entièrement en laiton, actionné par la chute d'un poids et muni d'un régulateur à ailettes. Son utilisation est facilitée par une manivelle située sur le côté du mécanisme; grâce à cet accessoire, il est possible de ramener le poids et le mandrin à leurs positions initiales en une seule opération. Afin de rapprocher au mieux la pointe sur la feuille d'étain, le support de la tête se déplace horizontalement sur un rail.
Le premier phonographe d'Edison présentait il est vrai des défauts susceptibles de freiner sa vulgarisation. Selon ses détracteurs, il parlait "d'une voix de Polichinelle essoufflé" et son maniement était délicat; il devenait nécessaire de le perfectionner. Edouard Hardy l'a sensiblement amélioré avec le nouveau mécanisme à poids assurant un mouvement uniforme; les paroles répétées telles qu'elles avaient été enregistrées et la tonalité mieux respectée constituaient un réel progrès.
Dès le 27 mai 1878, le journaliste Pierre Giffard, directeur des Auditions du phonographe, adoptait ce phonographe qui fit le succès de son spectacle du boulevard des Capucines.Le catalogue d'appareils électriques de Charles Magne (vers 1882) décline trois phonographes à mouvement d'horlogerie, dont le prix diffère selon la qualité et la taille : 1800 Francs pour le modèle de base, 3000 pour le modèle plus soigné et 4500 pour le grand modèle. En 1885, au 6, Avenue de La Motte-Picquet, la maison parisienne de l'électricien Ferdinand Duplay, successeur d'Edouard Hardy, vendait toujours le phonographe Hardy à mouvement d'horlogerie de construction très soignée.
Un exemplaire de ce grand tinfoil de précision est conservé dans les collections du Musée des Arts et Métiers où il est entré en 1881.
Rappelons qu'en 1879, Edouard Hardy a aussi construit un phonographe à plateau horizontal conçu par Gustave Gamard, jeune ingénieur de l’Association Philotechnique. Cet appareil a été décrit par le comte Du Moncel (Le Téléphone, le Radiophone et le Phonographe. Paris, 1882).Les gravures ci-dessus montrent le phonographe de démonstration (Catalogue Charles Magne, vers 1882), le phonographe à mouvement d'horlogerie (Musée des Arts et Métiers) et une coupe du support de son diaphragme réglable.
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Le phonographe de Hardy : capricieux, quinteux et mal embouché ?
Pierre Giffard, directeur des M. Maurel, chargé des conférences.
s poursuivait en novembre 1878 les exhibitions dans la Salle Cellarius neveu ou au Théâtre de l'Ambigu, assisté par son fidèle collaborateur,
Dans sa parution du 12 février 1880, Le droit, journal des tribunaux, publiait un compte-rendu d'audience, dont voici des extraits :
M. Maurel avait commandé à M. Hardy un phonographe des plus raffinés. Un simple mouvement d’horlogerie habilement adapté mettait la machine en belle humeur. On presse un bouton et les paroles ruissellent. Plus de manivelle, plus de manœuvres longues et fatigantes; plus de ressemblance compromettante avec le moulin à café et l’orgue de Barbarie !
…. le phonographe, contrairement à ses habitudes, refuse le service. Il est capricieux, quinteux, mal embouché. Tantôt il bredouille, et tantôt il s’arrête au milieu de ses phrases; il est incohérent et M. Maurel en a conçu une vive irritation contre son fournisseur.
Me Millot, avoué de M. Maurel, est venu devant le président soutenir qu’il manquait au mouvement d’horlogerie un cylindre indispensable; il demanda la nomination d’un expert.
Me Laden, au nom de M. Hardy, a prétendu que la machine était construite conformément aux règles de l’art, et munie de toutes ses pièces.Il est regrettable que le journal n'ait pas publié l'issue de la plainte.
- Les pages retraçant les débuts du phonographe en France
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