Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

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Les automates Vichy dotés d'un phonographe Lioret [Page 2/2]


Parmi ces automates,  le soldat au clairon va rencontrer le plus grand succès. La maison Vichy le déclinera sous plusieurs variantes, selon l'uniforme du personnage. Voici, à titre d'exemple, un soldat au clairon français qui paraît surgir de la bataille de Valmy, vêtu de l’uniforme de la Garde nationale, avec son bicorne à la cocarde tricolore.
Après avoir tourné la tête, le soldat porte le clairon à sa bouche, tourne sa tête, puis joue de son instrument pendant que retentit la sonnerie militaire enregistrée sur le cylindre ; il s’agit de l’un des airs de clairon proposés en 1897 par Henri Lioret dans son catalogue des cylindres enregistrés (numéros 3801 à 3851).
A la fin du morceau, un dispositif simple ramène le stylet du résonateur au début de l’enregistrement, le soldat reprend alors sa position initiale, puis recommence son mouvement jusqu’à épuisement du ressort.

 

Le zouave au clairon

  Les cylindres des jouets phonographiques

Ces automates utilisent un cylindre Lioret en celluloïd, d'une durée d'audition de 30 secondes, enregistré dans les ateliers du 18 Rue Thibaud à Paris. Sa rotation s'effectue autour d'un axe horizontal solidaire du mécanisme. Afin de laisser le son s’échapper, ces automates disposent d’une ouverture fermée par une mince grille, située au-dessus du résonateur.
Seule l'étiquette spéciale de ces cylindres les différencie de celles du Bébé Jumeau phonographe ou du Merveilleux. Les deux types d'étiquettes connues portent conjointement les marques de fabrique de Vichy et de Lioret.

  • Sur la plus ancienne, de couleur rose, on peut lire le texte suivant :  Tous les automates sortant de ma maison auxquels le phonographe est appliqué peuvent être changés d’air à volonté / Airs de rechange à disposition du client / Envoi franco du catalogue
  • Sur la seconde, de couleur jaune, les mentions Automates Phonographe et Phonographe Bté S.G.D.G. Patent entourent les deux marques de fabrique.
Le titre du cylindre est approprié au sujet, il s'agit le plus souvent d'un air de musique militaire ou d'une chansonnette, comme Au Clair de la lune qui accompagne les mouvements du Puits qui parle. Le choix des morceaux enregistrés était réduit; en 1894, le répertoire des cylindres Lioret se limitait à quelques titres de comptines ou de sonneries exécutées par une fanfare, il s'est enrichi plus tard avec la commercialisation du phonographe modèle n° 2 primé en 1895  lors de l'Exposition de Bordeaux.

 

 



Deux étiquettes de cylindres portant
les marques de Vichy et Lioret



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A noter
  • On peut distinguer un soldat au clairon dans le chef-d’œuvre de Jean Renoir, La règle du jeu, réalisé en 1939. L’un des personnages principaux, le Marquis de la Chesnaye, collectionne les instruments de musique mécanique. Dans les premières séquences du film, quelques plans montrent notamment un soldat clairon parlant et chantant, voisinant avec un phonographe à cylindres Pathé n° 1 et un second automate Vichy, La petite négresse romantique.
  • Les trois automates Vichy figurant dans le catalogue des Lioretgraph édité en 1900 ne doivent rien à Henri Lioret. Les deux airs qui accompagnent les mouvements du Pierrot écrivain, du Clown artistique dessinateur et de L’équilibriste proviennent en effet d’un peigne musical classique et non d’un phonographe ; ces automates sont des créations dues exclusivement aux ateliers Vichy.
  • L'ouvrage incontournable de Christian Bailly: L'Age d'Or des automates (Sotheby's- Scala, 1987), ainsi qu'un article très documenté du même auteur : Henri Vichy (1866-1950) dans la revue Musiques Mécaniques Vivantes n° 87 (3ème trimestre 2013)