Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

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Les cylindres géants [Page 4/4]

  Le cylindre du Kinétophone et le Jumbo d'Edison (suite)

Pour la plupart loués à des exploitants, les Kinétophones étaient exploités dans des théâtres. La méthode de synchronisation utilisée était encore loin d'être parfaite, l'exploitation de l'invention n'était pas rentable; en dépit d'une production de plus de 200 films, les appareils furent retirés du marché en 1915.
Notons l'existence, dans les collections de l'Edison National Historic Site de West Orange dans le New Jersey, d'un cylindre unique, nommé Jumbo Wax Amberol. De mêmes dimensions que celui du Kinétophone, le Jumbo est en cire noire. Selon George Frow (Edison Blue Amberol Recordings, 1912-1914 Companion Edition), il s'agit d'un cylindre spécial sur lequel on enregistrait directement le son d'un film. C'est à partir du Jumbo qu'était constitué le moule métallique destiné à la fabrication des cylindres en celluloïd du Kinétophone.
Sur les 200 cylindres Jumbo moulés en 1910, seul un exemplaire a été conservé, il figure dans les collections du Thomas Edison National Park à West Orange (New Jersey).

 

 


Le cylindre du Kinétophone,
près d'un cylindre Amberol
(Collection Charles Hummel)
 

  Les cylindres de La Sirène, du Samson et du Gladiator

La publicité ci-contre, publiée dans La revue d'art du 9 décembre 1899 par la Société française de phonographes La Fauvette, annonce un nouveau phonographe nommé La Sirène. Cette société est alors dirigée par son fondateur, Lucien-Etienne Vivès de Clauzens, un artiste lyrique plus connu sous son nom de scène, De Clauzens. Par la suite, Lucien Vives fût le créateur du Timbre de l'édition phonographique que l'on retrouve encore sur les boites de cylindres.
Qualifiée Merveille de l'Exposition, La Sirène a été conçue pour cet évènement. Selon la publicité, la durée d’audition de ses cylindres atteint 6 à 12 minutes.
Dans une autre publicité parue dans le Guide de l'Exposition de 1900 de H. Lapauze et Max de Nansouty, la durée sera ramenée à 10 minutes. Contrairement à ce que laisserait supposer la mention Enregistrement Idéal, La Sirène ne joue pas les grands cylindres au format Idéal créés par Henri Lioret.
Avec Arthur Grelet, Lucien Vives est aussi l’inventeur du Samson, un phonographe permettant, selon le brevet n° 288.272 du 27 avril 1899, l’emploi de cylindres de grand diamètre et de grande longueur. Le mandrin au format Céleste joue des cylindres gravés avec une densité d'enregistrement de 63 TPI, autorisant une durée d'enregistrement de plus de 4 minutes à 120 RPM.  Ces cylindres, conservés dans une boite bleue à liseré doré,  peuvent être confondus avec des Pathé Céleste qui disposent d’une boite similaire.


Le Samson de Vivès  et Grelet
 (brevet n° 288.272 du 27 avril 1899)

Il n'existe que peu d'informations sur La Sirène et Le Samson, il en est de même pour un phonographe portant la marque Le Gladiator, dont le seul exemplaire connu est exposé au Musée du son de St Fargeau. Ce grand phonographe a été conçu pour jouer des cylindres au format Céleste. C'est la Société Anonyme des Phonocartes qui a déposé la marque Gladiator en 1906, mais le phonographe a probablement été construit avant cette date. Découvert incomplet, le Gladiator du Musée du son a été  doté lors de sa restauration d'une caisse adaptée au mécanisme et d'un mandrin copié sur celui d'un Céleste, avant de prendre place dans le musée. 

 





Publicité pour La Sirène (1899)
 

 


Le cylindre du phonographe Le Samson





Le Gladiator

(Musée du son de St Fargeau)

  Les cylindres pour machines d'enregistrement de bureau

Dix ans après le déclin des phonographes à cylindres, les rouleaux de grande taille ont été naturellement utilisés sur les machines d'enregistrement de bureau, les constructeurs cherchant à offrir aux utilisateurs une capacité d'enregistrement supérieure à celle des Ediphones ou autres Dictaphones, largement diffusés sur le marché des enregistreurs professionnels de dictée. Dans ce domaine, deux cylindres remarquables par leur taille ont été utilisés après 1920, apparemment  sans grand succès :  

  • le Recordaphone,  machine à dicter utilisant des cylindres de plus de 30 cm de long et de 13 cm de diamètre environ
  • le Télégraphon, une machine professionnelle créée en 1924 par la Schuchhardt, Berliner Fernsprech- und Telephonwerk AG de Berlin. A usage des grandes compagnies de téléphone, elle permettait à ses clients d'enregistrer sur cylindre des messages de près de 10 minutes destinés à être retransmis à leur destinataire final par téléphone. Le cylindre mesure 10 cm de diamètre et 25 cm de long.

  Le plus grand cylindre du monde

La revue espagnole El Boletin Fonografico du 20 juin 1900 rapporte l’histoire de Miss 0’Coting, «aussi intelligente qu'un ingénieur», qui eût les honneurs de la presse locale pour avoir conçu le plus grand phonographe du monde. Prenant pour modèle le Class M d'Edison, elle a fait construire pièce par pièce tous les éléments de dimensions inhabituelles. C’est son père, un riche industriel de la mécanique qui s’est naturellement chargé de la construction.
Ce petit jouet utilisait un moteur spécialement conçu pour être alimenté en 110 Volts par le courant de l’éclairage électrique.

Quelques chiffres permettent de se faire une idée de sa taille :

  • longueur du phonographe : 3,5 m
  • reproducteur : 13,5 cm de diamètre
  • pavillon : 2,40 m de circonférence, relié au reproducteur par un tube de 6 cm de diamètre

Le cylindre ne dépareillait pas dans cet ensemble démesuré : 1,05 m de long et 25 cm de diamètre !  Il pouvait contenir parfaitement l'ensemble du Mefistofeles de Boito.
On veut bien admettre que la sonorité du phonographe était exceptionnelle, mais on a du mal à croire le New York Herald qui mentionnait une portée de plusieurs kilomètres et un volume de la voix multiplié par 21.

  Le cylindre Brutus, record absolu !

En 1902, une grande compagnie américaine, l'US Everlasting Company, s'engageait dans le projet fou de construire le plus grand cylindre du monde, qui allait porter le nom de Brutus. A cet effet, quatre personnalités furent sollicitées, elles figurent parmi les plus réputées dans le monde du phonographe, jugez du peu  : Alexander Graham Bell, Gianni Bettini, Guglielmo Marconi, et Alfred Neuman.
Trois cylindres furent construits, chacun présentant des dimensions inégalées :

  • longueur : 5 pieds soit 152 cm
  • diamètre : 22 pouces soit 56 cm
Doté d'une densité de sillons très faible de 13 TPI, la durée d'audition à 160 RPM ne pouvait atteindre guère plus de 2 mn. En revanche, le Brutus dispensait un volume sonore inégalé grâce à une importante vitesse linéaire à sa périphérie. Il en résultait une énorme force centrifuge exercée à la surface qui se révéla dangereuse lorsque des morceaux de cire se détachaient du cylindre. Sur les trois cylindres Brutus construits, il ne subsiste à ce jour qu'un seul exemplaire, découvert par deux chercheurs américains.
Source : Site tinfoil.com de Glenn Sage
Alors, record absolu ou canular de potaches ? A vous de juger..

 



Glenn Sage et Tyrone Settlemier,
"découvreurs" du cylindre
Brutus



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