Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

S. S. Léon XI!S et le phonographe

Le Figaro du 13 mars 1903

 

Le public a appris avec une vive et pieuse curiosité que le Pape, ayant daigné parler dans un phonographe, nous nous étions assurés, pour plusieurs semaines, le monopole exclusif de la vente des cylindres impressionnés par la voix auguste du chef de l'Eglise. Un grand nombre de personnes se sont déjà fait inscrire pour recevoir ces cylindres.
Plusieurs d'entre elles nous demandent des renseignements complémentaires que nous nous empressons de leur fournir par la voie du journal, en nous excusant de ne pouvoir le faire par lettres particulières.
Nous répétons d'abord que les livraisons ou expéditions ne pourront commencer que le 1° avril.
Nous avons le monopole exclusif de là vente dans toutes les contrées, sauf l'Amérique du Nord, Etats-Unis, Canada, etc.
Autre détail très important :
Les cylindres que nous mettons en vente sont de petit diamètre, du type courant et peuvent s'adapter à toutes les machines parlantes, phonographes et graphophones.
Afin d'éviter les contrefaçons, chaque rouleau portera, gravées intérieurement, les armes pontificales et la signature Bettini.
La boîte renfermant chaque phonogramme sera d'un modèle spécial et portera aussi extérieurement les armes pontificales et la signature Bettini. Elle sera scellée au moyen d'un ruban rouge dont les deux extrémités seront plombées au cachet de la Société des micro-phonographes. Intérieurement se trouve un document établissant de façon indiscutable l'authenticité des phonogrammes. Les livraisons et expéditions auront lieu exclusivement par les soins de la Société des micro-phonographes, spécialement outillée pour faire ces opérations avec toutes les précautions indispensables. Nous nous bornons à lui transmettre, au furet à mesure que nous les recevons, toutes les demandes qui nous sont adressées.
Il nous revient de différents côtés que bien des personnes seraient désireuses d'acquérir les cylindres reproduisant la voix du Souverain Pontife; mais elles ne possèdent pas de phonographe, et elles reculent devant la dépense nécessitée par l'achat d'un appareil. Nous nous sommes préoccupés de cette situation; nous avons réussi à trouver une solution excessivement avantageuse.
Tout acheteur de l'un ou de l'autre des cylindres répétant les paroles pontificales pourra se procurer, à la Société des micro-phonographes Bettini, 23, boulevard des Capucines, à Paris, un phonographe dont cette Société garantit la solidité et le bon fonctionnement. Ce phonographe sera vendu, avec diaphragme perfectionné et pavillon au prix tout à fait exceptionnel de 25 francs. Nous pouvons certifier, après expérience personnelle, que, malgré son extrême bon marché, cet appareil répète là bénédiction papale et l' Ave Maria de la. façon la plus nette et la plus distincte.
 

Les phonogrammes du Pape

Le Figaro du 15 mars 1903

 

En nous demandant les cylindres reproduisant les paroles du Souverain Pontife, un certain nombre de personnes expriment le désir de les recevoir très rapidement.
Nous rappelons que, par suite des exigences d'une fabrication particulièrement soignée, ces cylindres ne pourront être prêts qu'à partir du 1er avril. C'est seulement à cette date que commenceront les expéditions dont nous avons chargé la Société du micro-phonographe Bettini.
Ces expéditions seront faites aux acheteurs dans l'ordre où nous parviennent leurs demandes. On a donc tout intérêt à se faire inscrire le plus tôt possible. Les lettres et le montant des commandes doivent être adressés à l'administration du Figaro, rue Drouot, 26.
 

Les phonogrammes du Pape

Le Figaro du 17 mars 1903

 

De nombreux journaux de province et de l'étranger ont annoncé, mais sans donner de détails, que nous nous étions assuré le monopole de la première édition des cylindres reproduisant la voix de S. S. le Pape Léon XIII.

Nous recevons journellement des lettres nous demandant à quelles conditions l'on peut se procurer ces cylindre .Nous jugeons donc utile de répéter ces conditions afin que les personnes désireuses de nous adresser des demandes soient d'avance exactement renseignées. Les cylindres sont au nombre de deux.
Le premier, marqué A, reproduit la Bénédiction papale solennelle dans les termes même où elle a été donnée, le 3 mars, dans la basilique de Saint-Pierre. La valeur de ce cylindre est de 50 francs. Le second cylindre, marqué B, reproduit l’Ave Maria récité par le Souverain Pontife. Sa valeur est de 40 francs. Vingt-cinq pour cent des prix ci-dessus seront versés par le Figaro à l'œuvre des Ecoles d'Orient, pour l'ouvroir que cette œuvre organise en ce moment. Ces cylindres seront expédiés, à partir du 1cr avril, dans l'ordre où nous seront parvenues les demandes.
Les envois seront faits franco, pour la France. Les destinataires de l'étranger auront à supporter les frais de port. Ces cylindres, de petit diamètre, et du type courant, peuvent s'adapter à toutes les machines parlantes, phonographes et graphophones.
Les personnes désireuses d'entendre la voix de Sa Sainteté, et qui ne possèdent pas de phonographe, peuvent se procurer, en même temps qu'un cylindre, un phonographe au prix exceptionnel de 25 francs. Cet appareil doit être commandé directement à la Société des micro-phonographes Bettini, 23, boulevard des Capucines, à Paris, qui en garantit la solidité et le bon fonctionnement.Toute demande de cylindre être adressée à l'administrateur du Figaro, 26, rue Drouot, à Paris, et être accompagnée de son montant.
 

S.S. Le pape Léon XIII et le phonographe

Le Figaro du 22 mars 1903

 

La Tribuna a publié un, curieux récit de l'audience que S. S. le pape Léon XIII a daigné accorder à M. Bettini et au cours de laquelle ce dernier a été autorisé à enregistrer, sur des cylindres pho- nographiques, la bénédiction papale et l'Ave Maria récités, devant l'appareil, par le Souverain Pontife.Voici dans quels termes M. Bettini a raconté à un rédacteur de notre confrère italien les détails de cette audience Des mon entrée au Vatican, j'avais fait appel à tout mon sang-froid pour ne pas me laisser troubler par l'émotion. Il s'agissait d'une opération très délicate et que le moindre incident pouvait faire manquer.
Jugez donc de mon embarras lorsque j'aperçus mon aide, pâle comme un mort, à la seule idée de se trouver en présence du Pape. Je compris que, au lieu de me prêter un concours utile, il pouvait tout compromettre, et sans hésiter, le lui fis signe de se retirer.
Tout à coup, la porte s'ouvre et le Saint-Père paraît, vêtu de blanc, plein de majesté, et portant le poids des ans avec une verdeur étonnante. Il se dirige, à petits pas pressés, vers le siège pontifical et s'assoit.
- Donc, c'est vous, monsieur Bettini, qui venez faire une expérience. Je sais que vous avez fait de curieuses découvertes.
Puis Sa Sainteté ajoute :
- Ecoutez, Bettini: Vaut-il mieux que je sois assis ou debout? J'aurais préféré, pour mieux réussir, que le Saint-Père restât debout; mais je craignis qu'une trop longue séance ne fatiguât l'auguste vieillard, et je le suppliai de s'asseoir.On approcha une table aussi près que possible du siège pontifical et, immédiatement, le Pape entonna en latin la bénédiction, en présence des hauts dignitaires de sa Cour qui l'entouraient, respectueusement curieux.
L'appareil arrêté, Sa Sainteté, vivement intéressée par ce miracle de la science, demanda à entendre ses paroles. Hélas le diaphragme ne les répéta pas très distinctement, et le Pape ne se montra pas satisfait.
Mais lorsque, ayant récité l'Ave Maria, l'auguste Pontife entendit sa voix sortir vi- brante et limpide de l'appareil, il exprima sa satisfaction avec une vivacité pleine de bonté.
- Bien! Très bien! s'écria-il. Et maintenant, recommençons la bénédiction. Je remis l'appareil en marche, et, comme on le sait, cette fois, le succès fut complet.
Le récit qu'on vient de lire montre quel intérêt, à la fois pieux et historique, s'attache à ces Cylindres que nous mettons à la disposition de nos lecteurs dans les conditions que nous avons fait connaître.