- Le Microphonographe du lieutenant Bettini
Revue Internationale d'électrothérapie (N° 8 Mars 1893)
Compte-rendu de l'Association américaine de l'électrothérapie
Séance tenue à New York – Compte-rendu de la journée du 5 octobre 1892
LE MICROPHONOGRAPHE DU LIEUTENANT BETTINI
L'orateur, M. Mount Bleyer, rappelle les circonstances qui amenèrent la découverte du phonographe et expose ensuite le principe de sa construction. Il présente le microphonographe et montre en quoi il diffère des phonographes ordinaires. L'inventeur, M. le lieutenant G. Bettini, avait remarqué que la plaque au lieu de vibrer en totalité, se décomposait en nombreux anneaux vibrants qui pouvaient se trouver en consonance avec la voix humaine ou avec d’autres sons. Pour mieux utiliser ces vibrations, au lieu de fixer le style solidement au centre de la plaque, il le fît supporter par un système de rayons d'inégale longueur, de telle sorte que le centre de la plaque se trouvant par exemple être silencieux, on constitue un nœud pour un ton déterminé ; tel anneau de la plaque qui pourrait isolément être en consonance avec le même ton, pourrait alors entrer en vibration et agir sur le style au moyen d'un des rayons (ou pattes d'araignée) le reste de la plaque restant au repos et n'étant pas utilisé. Le son en serait certainement affaibli mais l'instrument pourrait reproduire une plus grande variété de timbres de voix que ne le ferait le phonographe ordinaire. Ce principe, que l'auteur établit par l'expérience, fut en même temps démontré théoriquement par M. Wilford Hall et exposé par lui dans Le Microcosme de février 1892.
Il serait difficile de trouver un exemple plus remarquable de résolution par raisonnement philosophique pur d'un problème mécanique et scientifique aussi obscur. M. Hall n'admet pas que des ondulations atmosphériques puissent émaner d’un corps sonore; celui-ci ne donne lieu qu'à des vibrations acoustiques.
Cette énergie transmise sous forme de vibrations, ne réussit à faire vibrer à l'unisson que les autres corps accordés pour le même nombre de vibrations; c’est un fait, qu'une membrane tendue est en réalité composée d'une série de sections dont les tensions concordent et dont chacune est actionnée par un son de synchronisme et de hauteur correspondants. ll résulte de là que les vibrations des sections d'un diaphragme phonographique se concentrent de toute part vers l'aiguille, suivant que la hauteur et l'intensité du son se modifient, et impriment de légers mouvements de latéralité au tracé qu'elle marque sur le cylindre, en même temps qu'elles donnent lieu à des variations appropriées dans la profondeur et les dimensions de ce même tracé, suivant l'expression individuelle produite par chaque personne. C'est là le secret des étonnantes propriétés du phonographe.
M. Bleyer énumère ensuite les différentes applications du phonographe surtout en médecine. Après la conférence, M. le lieutenant Bettini donne encore quelques explications et démontre expérimentalement les curieuses propriétés de son microphonographe.