- Phonographes allemands [Page 2/2]
Ce petit phonographe nommé l'Idéal a été construit dans les ateliers Czempin & Krug à Berlin. On doit sa conception à Carl Lindström, qui fût employé de cette société en 1898.
Le Météor prêt à jouer des cylindres Concert, l'axe supérieur portant le mandrin Standard a été séparé du mécanisme.
Pour utiliser l'un des mandrins, il est nécessaire d'ôter l'autre.
Le Météor en position de jouer les cylindres Standard, avec son mandrin Concert extrait de son axe fixe, que l'on aperçoit sous le mandrin.
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A voir aussi
- L'Excelsior Phonograph (1892)
On dénombre en Europe une dizaine de phonographes nommés Excelsior. Le plus remarquable est assurément le plus ancien; il apparait en 1892 dans la revue allemande Beiblatt der Fliegenden Blätter, où il figure dans les publicités de Hugo Hennig, constructeur et revendeur d'instruments de musique mécanique établi à Berlin.
Ce phonographe présente des innovations et des caractéristiques particulièrement intéressantes, on peut les observer sur l'exemplaire de l'Istituto Tecnico Toscano à Florence. Le catalogue du musée mentionne le nom de son constructeur : Ludwik Loewe & Co à Berlin, un important industriel réputé pour la fabrication de ses machines-outils de précision.
Le brevet D.R.P. n° 59791 relevé sur les publicités de Hugo Hennig nous conduit à son auteur, Béla Steiner, un hongrois de Budapest, qui l'a déposé en Allemagne le 13 mars 1891. Il y décrit le mécanisme relativement complexe visant à simplifier le fonctionnement de l'Excelsior. Béla Steiner est également l'inventeur de perfectionnements apportés aux phonographes, relevés dans le brevet suisse n° 3572 du 23 mai 1891, dans lequel il détaille notamment la structure remarquable du reproducteur.
A l'examen du phonographe, on remarque en premier lieu la grande taille du mandrin, suggérant l'utilisation de cylindres d'un format spécial, proche du Concert qui n'apparaitra pourtant qu'en fin d'année 1898. C'est en fait un tube en laiton parfaitement cylindrique, mesurant 87 mm de diamètre et 104 mm de longueur. L'observation de la surface de ce manchon révèle qu'il est couvert d'une couche de cire (*) sur laquelle on distingue les sillons d'un enregistrement : il s'agit d'un phonogramme amovible. Cette pièce prend place entre deux flasques ronds de même diamètre, reliés par une tige et traversés en leur centre par l'axe horizontal du mécanisme.
Un grand soin a été apporté à la construction de l'Excelsior; un mouvement d'horlogerie à ressort, doté d'un régulateur à ailettes, entraine la rotation de l'axe. Tout en tournant, le phonogramme progresse le long de cet axe grâce à une vis sans fin logée à l’intérieur de ce dernier; il se déplace sous la pointe du reproducteur qui présente la particularité d'être fixe. Une autre caractéristique du reproducteur se trouve dans la position verticale de son diaphragme, relié à deux conduits horizontaux prévus pour le raccordement de tubes acoustiques. Cette disposition inhabituelle a pour effet d'améliorer l'intensité et la qualité des vibrations produites sur les deux faces du diaphragme et transmises sans détour vers les oreilles.
Comme Béla Steiner le décrit dans son brevet précédemment cité, la pointe amovible du reproducteur est reliée au centre du diaphragme par l'intermédiaire de deux leviers, l'un vertical, l'autre horizontal. La combinaison des deux leviers permet à la pointe d'osciller dans la direction axiale du phonogramme; nous sommes donc en présence d'un dispositif d'enregistrement à gravure latérale.
Selon que l'on souhaite enregistrer ou bien reproduire un phonogramme d'une durée d'écoute de deux minutes environ, il convient d'utiliser l'une des deux pointes amovibles disponibles. Avant la lecture de l’enregistrement, une vis micrométrique permet d'ajuster la position de la pointe sur le sillon. La mise en marche de l'appareil s'effectue grâce à un levier, pour ramener le phonogramme dans sa position initiale après l'avoir écouté, il suffit de remonter le ressort avec sa manivelle.
Dans le tiroir situé sous le mécanisme, se trouvent une burette d'huile et une petite lampe à alcool à utiliser pour ramollir la cire avant d'enregistrer un phonogramme vierge. Pour cette dernière opération, on approche la flamme du phonogramme mis en rotation jusqu'à ce que toute sa surface devienne uniformément brillante; la cire est alors suffisamment chaude et tendre pour être gravée.
Une second modèle de l’Excelsior, sans mouvement d'horlogerie, a aussi été commercialisé. Par la suite, le dernier modèle construit se différenciera des précédents par l’utilisation d’un mandrin standard et de cylindres en cire dont l’usage se généralisait progressivement.
En 1896, le phonographe est encore proposé à ses clients par le constructeur berlinois d'instruments scientifiques Ferdinand Ernecke. Sur cette page de son catalogue figure le premier modèle de l’Excelsior, vendu 325 DM, disposant d'un support vertical en bois tourné utilisé pour le raccordement des tubes acoustiques.
Publicité pour l'Excelsior Phonograph (Beiblatt der Fliegenden Blätter du 2 octobre 1892)
L'Excelsior Phonograph de
l'Istituto Tecnico Toscano à FlorenceLe fonctionnement de l'Excelsior
(Der Natur du 24 juin 1893).
Le modèle manuel, moins couteux (240 DM) est aussi disponible, ainsi que des phonogrammes supplémentaires pour ces deux appareils. Sur la même page, on peut observer le dernier Gramophone (40 DM) et un phonographe à feuille d'étain similaire à celui de Ducretet(*)
Les articles traitant de l'Excelsior publiés en 1893 et 1894, notamment dans la revue Die Natur indiquent "une masse qui devient molle lorsqu'elle est légèrement chauffée, mais se ramollit lorsqu'elle est chauffée et durcit à nouveau rapidement en refroidissant". La matière n'est pas précisée, afin de protéger le secret de fabrication. Il s'agissait vraisemblablement d'un composé à base de cire.
- L'Excelsior Phonograph (1892)